Journée mondiale contre l’autisme: « L’amélioration du dépistage doit être une priorité »
Journée mondiale contre l’autisme: « L’amélioration du dépistage doit être une priorité »
AUTISME – Alors qu’une personne sur 150 est touchée par l’autisme dans le monde, la reconnaissance de ce handicap demeure dramatiquement insuffisante.
Ce sont des enfants diagnostiqués beaucoup trop tard, des familles qui se retrouvent seules et démunies, des adultes mal accompagnés ou suivis et de nombreuses situations de détresse qui pourraient être évitées.
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En France, alors que 6.000 enfants autistes naissent chaque année, beaucoup reste à faire pour améliorer le diagnostic de ce handicap mais aussi sa prise en charge, adaptée aux besoins spécifiques de chaque enfant concerné.
L’amélioration du dépistage doit être une priorité: plus le diagnostic sera précoce, meilleures seront les réponses apportées à l’enfant et à sa famille. Pourtant, alors qu’il est possible de détecter les premiers signes d’autisme infantile dès 12 mois, nous perdons encore un temps précieux pour agir et permettre ainsi à la situation de l’enfant de s’améliorer puisqu’en moyenne le dépistage intervient en France vers 6 ans.
La priorité doit également être donnée à la scolarisation des élèves autistes en milieu ordinaire. Lors des débats sur la refondation de l’école, le groupe d’études sur l’intégration des personnes handicapées que je préside a porté de nombreux amendements pour que l’école devienne réellement inclusive. Car il n’est plus possible de se limiter aux termes « d’intégration », « d’accueil » ou de simple « accompagnement » des élèves handicapés…. qui, certes, donnent bonne conscience mais ne permettent pas d’avancer vers une société où chacun dispose du même droit à l’éducation. Il convient d’aller bien au-delà. La loi de février 2005 pour l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes en situation de handicap indiquait déjà que l’Éducation nationale devait garantir l’accessibilité des enseignements aux élèves en situation de handicap. Cet objectif est encore loin d’être atteint, d’où notre mobilisation pour inscrire -dans la loi de Vincent Peillon- cette notion d’école inclusive.
L’école doit enfin devenir un lieu où les élèves en situation de handicap, y compris les enfants autistes, seront formés grâce à une éducation adaptée à leurs besoins. Il est plus que temps d’arrêter d’envoyer ces élèves vers des « voies de garage » inadaptées mais, au contraire, ne pas avoir peur d’utiliser à différents niveaux des méthodes innovantes – telle la méthode A.B.A. ou d’autres méthodes comportementalistes – qui ont pu faire leur preuve ailleurs.
Mais cela ne pourra se faire sans une formation adéquate des personnels enseignants et non-enseignants au sein des nouvelles Ecoles supérieures du professorat et de l’éducation. C’est une demande forte que j’ai relayée lors des débats pour que les équipes ne se sentent plus démunies face à un élève autiste -ce qui peut être source de difficultés accrues tant pour l’élève que pour le professeur- mais soient en mesure de travailler avec eux dans les meilleures conditions possibles. C’est pourquoi nous devons nous donner les moyens de notre ambition et organiser une formation digne de ce nom sur les enjeux du handicap destinée aux équipes pédagogiques et à l’ensemble des personnels scolaires et périscolaires. Les personnels accompagnants (AVS/EVS) sont essentiels pour une bonne scolarisation de ces élèves. Ils doivent donc être réellement formés et avoir des perspectives d’évolution de carrière.
Par-delà l’école, c’est bien « l’éducation inclusive » qu’il faut mettre en place, en mettant fin aux frontières factices qui existent entre temps scolaire, périscolaire et extra-scolaire. Comment saurait-on en effet justifier, sans honte, l’exclusion des enfants handicapés des activités organisées hors temps scolaire pour l’ensemble des autres élèves? Non, cela ne serait pas digne des valeurs sur lesquelles notre République s’est bâtie.
Nous devons avoir l’ambition d’offrir aux personnes atteintes d’autisme une société qui ne soit pas dans le rejet de la différence mais où chacun a sa place. Chaque personne -handicapée ou non- doit en effet être considérée comme un citoyen à part entière. La scolarisation des autistes est la première étape, indispensable pour leur permettre de prendre pleinement part à notre société et d’endosser un rôle d’acteur. Ce combat, je l’ai porté lors des débats sur la refondation de l’école et je continuerai à le porter tant que l’égalité des droits -pour les enfants mais aussi les adultes- ne sera pas devenue réalité. J’en appelle à plus d’ambition bien sûr, mais aussi à plus de moyens, et je suis déterminée à agir pour que le futur plan autisme soit à la hauteur des attentes et espoirs.